jeudi 29 janvier 2015

Ouverture des classes: Les parents d’élèves partagés entre crainte et pauvreté




Après plus de cinq mois de longues vacances à cause du virus Ebola, le ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Ibrahima Kourouma, vient d’annoncer à travers un communiqué radiodiffusé, la reprise des cours sur toute l’étendue du territoire national à partir du lundi 19 janvier 2015. Une nouvelle qui, dans l’ensemble a été mal accueillie chez certains parents.




En Guinée, à chaque nouvelle rentrée des classes, les parents d’élèves sont confrontés à des difficultés de tous ordres. Pour cette année, la réalité est toute autre. En plus de ce problème financier, encadreurs, élèves et parents d’élèves  craignent une propagation du virus Ebola dans les écoles qui, il faut le signaler, a fait assez de victimes.
Vingt quatre heures, après cette programmation de la réouverture des classes, Ibrahim Barry  père de quatre enfants  dont trois au collège et une fille au lycée dans un établissement privé de la place,  se dit désemparé. « On devrait nous avertir à temps. On attend le milieu du mois pour fixer la rentrée scolaire. Comment les pères de familles vont faire? Il faut acheter les fournitures scolaires, les tenues scolaires, payer les études des enfants, tout ça au milieu du mois où les poches sont complètement vides. On aurait dû à mon avis, remettre cette rentrée entre le 1er et le 5 février 2015. Les parents auraient été officiellement informés 2 semaines avant. Ce qui allait permettre à beaucoup de gens de s'organiser financièrement. Ce n’est vraiment pas bien réfléchi», a-t-il dénoncé.
Comme le précédant, Fodé Conté, agent de sécurité et père de 3 enfants, estime que cette décision prouve à suffisance que les autorités ne pensent pas au bas peuple et à cette crise sanitaire actuelle
. «Franchement, j’ai peur de laisser mes enfants aller à l’école à cause du virus Ebola. On nous parle de dispositifs qui sont pris pour protéger nos enfants dans les écoles mais, j’en doute vraiment. Moi, je ne crois pas, ce n’est pas cela la solution. Le gouvernement doit finir d’abord avec Ebola avant d’annoncer  la rentrée scolaire. Il oublie que ce sont des enfants qui sont les plus exposés. Pour cette année, je vais attendre au minimum  deux à trois semaines avant de les laisser partir », confie ce père de famille.
 Pour Néné Mariama Diallo, veuve et mère de famille, elle se demande comment elle pourrait s’acquitter des frais de scolaires de ses enfants qui sont tous dans le privé. En appelant le principal de l’école où ses enfants ont étudié l’année dernière, elle trouve qu’il y’a eu une augmentation des frais d’inscription et frais de mensualité.
 «Je ne peux payer 65.000FG par mois pour un enfant qui fait  la sixième  année. L’année dernière, je payais 40.000 FG ; sa grande sœur qui  doit faire la douzième, on me demande pour la réinscription 35 mille et 130mille GNF pour la mensualité. Les gens pensent que nous avons un jardin d’argent. Moi, j’ai demandé qu’on me rende les dossiers. Ils vont continuer dans les écoles publiques», dira-t-elle.
Raymond Kamano, fondateur d’un groupe scolaire privé de la place, souligne que contrairement aux années antérieures et suite à la crise sanitaire actuelle que connait le pays, il ne demandera qu’un mois d’avance et les anciens ne payeront pas les frais de réinscription. « Nous avons  la volonté et tous les moyens sont réunis dans mon école pour une rentrée sécurisée. Vous savez, avec cette maladie, c’est tout le monde qui doit se méfier. Certains parents oublient que c’est une maladie contagieuse. Nous avons intérêt de nous protéger et protéger ces élèves qui nous sont évidemment très chers. D’ailleurs, chez nous, on tient compte de cette crise actuelle. Il n’y a pas eu de changement dans les frais de scolarité, exceptionnellement  pour cette année », a t-il déclaré.
Si certains se soucient des frais de scolarité, d’autres par contre, sont préoccupés de l’achat des fournitures scolaire de leur enfant. Les  tenues couleur kaki se négocient entre 25.000 et 28.000 FG par mètre selon les zones et l’humeur des revendeurs.
Qu’à cela ne tienne, malgré toutes ces difficultés, les élèves et les parents s’apprêtent pour la rentrée et les autorités de l’éducation s’activent dans les ateliers de formation des enseignants et campagnes de sensibilisation pour une année scolaire sécurisée et réussie.
Comme pour dire que contre vents et marées, l’éducation d’un enfant n’a pas de prix.
                                                                           
                                             Mouctar Kalan Diallo





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