ECONOMIE

Les raisons de la dégringolade des Bourses mondiales 





Rien ne semble arreter la chute des marchés. 

Les grandes Bourses mondiales étaient toutes orientées 

à la baisse, mardi 16 décembre au matin, dans un rare 

mouvement d’ensemble.



En recul pour le septième jour d’affilée, le CAC 40, à Paris, a même franchi à la baisse le seuil symbolique des 4 000 points, en début de matinée. Un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis la mi-octobre.
De Londres à Moscou en passant par Francfort, toutes les places européennes reculaient, imitant celles du Japon et du Moyen-Orient.
Craintes pour l’Europe, incertitudes en Grèce, économie russe malmenée, chute du pétrole : à deux semaines de la fin de l’année, la conjonction de ces éléments crée un cocktail détonnant sur les marchés mondiaux.
  • La croissance mondiale dans la tourmente
A Paris, c’est la dégradation de l’activité dans l’industrie en France qui a fait replonger le CAC 40. L’activité dans le secteur privé a continué de se contracter en décembre en France.
Même si le rythme est beaucoup plus lent que les mois précédents grâce au secteur des services, les investisseurs voient le verre à moitié vide. Ils sont de nouveau très pessimistes sur les perspectives de croissance en zone euro, où la menace déflationniste semble chaque jour un peu plus proche.
Un pays a par ailleurs mis le feu aux poudres : la Grèce, entré dans une nouvelle période d’instabilité politique après que le premier ministre conservateur, Antonis Samaras, a décidé de convoquer des élections présidentielles anticipées, pour mercredi 17 décembre.
Les marchés craignent, dans cette hypothèse, un détricotage des mesures de réforme entreprises depuis 2010, en échange de 240 milliards d’euros de prêts à la Grèce par ses créanciers internationaux. Et un réveil des vieux démons de la crise des dettes souveraines de 2010-2011.

    Pour ne rien arranger, le ralentissement du moteur chinois, déjà reflété par de mauvais indicateurs la semaine dernière, semble se poursuivre : sa production manufacturière (l’indice PMI des directeurs d’achats de la banque HSBC) s’est contractée en décembre, touchant son plus bas en sept mois.
      • Le pétrole en chute libre

La chute du pétrole alimente encore et toujours les craintes quant à la mauvaise santé de l’économie mondiale. Mardi, le baril de Brent a plongé sous les 60 dollars pour la première fois depuis juillet 2009. L’autre baril de référence, le « light sweet crude » (WTI), pour livraison en janvier, cotait pour sa part au même moment 55,02 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
C’est l’annonce d’une contraction de la production manufacturière chinoise en décembre qui a déclenché cette nouvelle baisse.
Les cours de l’or noir ont plongé de près de moitié depuis le début de l’année, plombés par une offre surabondante et une croissance de la demande faible : le moteur chinois n’en finit pas de ralentir, tandis que les pays producteurs, OPEP en tête, refusent de réduire leur production afin de préserver leurs précieux pétrodollars.
À moyen terme, cette décrue devrait s’avérer bénéfique pour les entreprises, en dopant leurs marges, et pour les consommateurs, qui regagneront un peu de pouvoir d’achat. Mais, dans l’immédiat, les intervenants y voient le reflet de l’anémie de la croissance mondiale.
De plus, ils sont forcés de se couvrir contre ces fluctuations inopinées en vendant d’autres types d’actifs, ce qui alimente le cercle vicieux du plongeon des marchés.

A Moscou, la Bourse plongeait de 10 % mardi matin et le rouble rechutait, malgré la hausse drastique des taux directeurs décidée par la banque centrale du pays, dans la nuit de lundi à mardi.
La monnaie russe avait perdu lundi près de 10 % de sa valeur, un plongeon d’une ampleur plus vue depuis la période suivant le placement de la Russie en défaut de paiement en 1998.
La banque centrale avait réagi en annonçant une hausse spectaculaire de son taux directeur, à 17 % contre 10,5 % auparavant en plein milieu de la nuit. L’économie russe pâtit des sanctions économiques liées à la crise ukrainienne et de la chute des cours du pétrole.

  • La semaine à haut risque

Après plus d’une semaine de turbulences, les investisseurs ne semblent plus savoir où ils habitent. « La chute du pétrole sert de catalyseur mais la baisse actuelle va au-delà et se généralise. L’incertitude grecque, la menace déflationniste clairement palpable en zone euro, le ralentissement chinois, la chute des devises émergentes, le relèvement du principal taux de la Banque Centrale russe, les craintes d’une mini-crise financière en raison du poids du secteur [pétrolier] aux États-Unis sont autant de raisons qui font baisser les actions occidentales, surtout européennes », résument les analystes d’Aurel BGC.
Autre explication : l’attentisme des intervenants. Mercredi est en effet une date à haut risque : c’est le jour de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale américaine (Fed), et celui des élections en Grèce.
« Comme la semaine est très chargée, la prudence l’emporte à un moment où les investisseurs refusent d’acheter et donc de prendre des risques, à deux semaines de la fin de l’année » confirme Aurel BGC.

lemonde.fr

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