vendredi 16 mai 2014

Nigeria: les lycéennes enlevées entament leur 2e mois de captivité






Capture d'écran de la vidéo de Boko Haram diffusée le 12 mai 2014 montrant des lycéennes enlevées par le groupe islamiste en train de prier, habillées en hijab, dans un endroit non précisé (Photo .. AFP)
Les quelque 200 lycéennes enlevées au Nigeria par Boko Haram ont entamé mercredi leur deuxième mois de captivité, alors que les Britanniques ont proposé une nouvelle aide aux autorités désormais prêtes à négocier avec les ravisseurs islamistes.
«Nous avons proposé au Nigeria une assistance supplémentaire», a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron, alors qu’une dizaine d’experts de son pays sont déjà arrivés sur place en fin de semaine dernière.
Cette nouvelle aide britannique comprend «un avion de reconnaissance, une équipe militaire destinée à intégrer le quartier général de l’armée nigériane ainsi qu’une équipe qui se joindra aux experts américains qui analysent les informations relatives à la localisation des jeunes filles», selon M. Cameroun.
Les Etats-Unis et la France ont déjà envoyé des équipes d’experts au Nigeria. Des avions espions américains survolent le nord du pays.
Alors qu’il avait initialement refusé d’envisager tout échange entre des détenus islamistes et les 223 lycéennes otages - ce que demandait le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, dans une vidéo montrant les jeunes filles diffusée lundi -, le gouvernement nigérian s’est dit mardi «ouvert au dialogue».
Mais il a dans le même temps demandé au Parlement de voter la prolongation pour six mois de l’état d’urgence en vigueur depuis exactement un an dans trois Etats du nord-est du pays, fiefs du groupe islamiste.
Les députés examinaient cette requête, tandis que les sénateurs ont convoqué pour jeudi les ministres de la Défense et de l’Intérieur et les responsables de l’armée et de la police pour faire le point sur l’état d’urgence et ses résultats.
La mesure est contestée par l’opposition, qui estime qu’elle n’a pas permis, tout en privant la population de liberté, de réduire l’insurrection de Boko Haram. De fait, elle n’a pas empêché la multiplication des attaques dans les trois Etats concernés -Adamawa, Borno et Yobe-, ni deux attentats à la voiture piégée qui ont fait à Abuja une centaine de morts en l’espace d’un mois.
A Lagos, une nouvelle manifestation en faveur des jeunes filles s’est déroulée sous des trombes d’eau mercredi.
Il y a un mois jour pour jour, Boko Haram enlevait 276 jeunes filles dans leur école de Chibok, situé dans l’Etat de Borno, un des fiefs du mouvement. Plusieurs dizaines d’entre elles sont parvenues à s’enfuir, mais 223 lycéennes restent aux mains du groupe radical.
Toutes ont désormais été «identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok», a indiqué mardi le gouverneur de Borno, Kashim Shettima.
«Le Nigeria a toujours été ouvert au dialogue avec les insurgés», a déclaré mardi à l’AFP le ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l’année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d’amnistie avec Boko Haram. «Nous sommes prêts à discuter de tous les problèmes, et les lycéennes enlevées à Chibok en font partie».
La position de Boko Haram semble elle aussi avoir évolué. Dans une première vidéo diffusée le 5 mai, Abubakar Shekau promettait de réduire les jeunes filles en esclavage, de les «vendre sur le marché» et de les «marier» de force.
Dans la deuxième vidéo lundi, il disait avoir converti à l’islam une partie des jeunes filles, et évoquait l’échange des lycéennes contre des prisonniers islamistes détenus par le pouvoir.
- Sommet samedi à Paris -
Geste fort de soutien au pouvoir nigérian, le commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), le général David Rodriguez, était mardi à Abuja, la capitale fédérale, pour «discuter de l’aide américaine dans les opérations de recherche ainsi que toute la coopération» entre les forces américaines et nigérianes.
Un sommet sur la sécurité au Nigeria doit se tenir samedi à Paris, rassemblant, autour du président François Hollande, les dirigeants d’au moins cinq pays africains: le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin.
Des représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union européenne ont également été invités.
Il s’agit de trouver «comment arriver à cerner (Boko Haram) par l’intelligence, comment arriver à former pour combattre et comment arriver à débusquer les assassins», a expliqué le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
«La France ne se subsitue à personne mais son rôle est d’aider les Africains à assurer la sécurité parce qu’il ne peut pas y avoir de solution sans démocratie, sans développement et sans sécurité», a-t-il ajouté.
A Genève, le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a exhorté mercredi le Nigeria à «employer tous les moyens nécessaires pour obtenir la libération des jeunes filles».
Enfin, l’écrivain nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature de 1986, a dit à l’AFP considérer le chef de Boko Haram comme «une obscénité», probablement incapable de dialoguer.

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