Après plus
de cinq mois de longues vacances à cause du virus Ebola, le ministre de
l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Ibrahima Kourouma,
vient d’annoncer à travers un communiqué radiodiffusé, la reprise des cours sur
toute l’étendue du territoire national à partir du lundi 19 janvier 2015. Une
nouvelle qui, dans l’ensemble a été mal accueillie chez certains parents.
En Guinée, à chaque nouvelle rentrée des classes, les parents d’élèves sont confrontés à des difficultés de tous ordres. Pour cette année, la réalité est toute autre. En plus de ce problème financier, encadreurs, élèves et parents d’élèves craignent une propagation du virus Ebola dans les écoles qui, il faut le signaler, a fait assez de victimes.
Vingt quatre
heures, après cette programmation de la réouverture des classes, Ibrahim Barry père de quatre enfants dont trois au
collège et une fille au lycée dans un établissement privé de la place, se dit désemparé. « On devrait nous avertir à temps. On attend le milieu du mois pour fixer
la rentrée scolaire. Comment les pères de familles vont faire? Il faut acheter
les fournitures scolaires, les tenues scolaires, payer les études des enfants,
tout ça au milieu du mois où les poches sont complètement vides. On aurait dû à
mon avis, remettre cette rentrée entre le 1er et le 5 février 2015. Les parents
auraient été officiellement informés 2 semaines avant. Ce qui allait permettre
à beaucoup de gens de s'organiser financièrement. Ce n’est vraiment pas bien
réfléchi», a-t-il dénoncé.
Comme
le précédant, Fodé Conté, agent de
sécurité et père de 3 enfants, estime que cette décision prouve à
suffisance que les autorités ne pensent pas au bas peuple et à cette crise
sanitaire actuelle
. «Franchement, j’ai peur de laisser mes
enfants aller à l’école à cause du virus Ebola. On nous parle de dispositifs
qui sont pris pour protéger nos enfants dans les écoles mais, j’en doute
vraiment. Moi,
je ne crois pas, ce n’est pas cela la solution. Le gouvernement doit finir
d’abord avec Ebola avant d’annoncer la rentrée scolaire. Il oublie que ce
sont des enfants qui sont les plus exposés. Pour cette année, je vais attendre au
minimum deux à trois semaines avant de
les laisser partir », confie ce
père de famille.
Pour Néné
Mariama Diallo, veuve et mère de
famille, elle se demande comment elle pourrait s’acquitter des frais de
scolaires de ses enfants qui sont tous dans le privé. En appelant le principal
de l’école où ses enfants ont étudié l’année dernière, elle trouve qu’il y’a eu
une augmentation des frais d’inscription et frais de mensualité.
«Je ne peux payer 65.000FG par mois pour un
enfant qui fait la sixième année. L’année dernière, je payais
40.000 FG ; sa grande sœur qui doit
faire la douzième, on me demande pour la réinscription 35 mille et 130mille GNF
pour la mensualité. Les gens pensent que nous avons un jardin d’argent. Moi,
j’ai demandé qu’on me rende les dossiers. Ils vont continuer dans les écoles
publiques», dira-t-elle.
Raymond
Kamano, fondateur d’un groupe scolaire privé de la place, souligne que
contrairement aux années antérieures et suite à la crise sanitaire actuelle que
connait le pays, il ne demandera qu’un mois d’avance et les anciens ne payeront
pas les frais de réinscription. « Nous
avons la volonté et tous les moyens sont
réunis dans mon école pour une rentrée sécurisée. Vous savez, avec cette
maladie, c’est tout le monde qui doit se méfier. Certains parents oublient que
c’est une maladie contagieuse. Nous avons intérêt de nous protéger et protéger
ces élèves qui nous sont évidemment très chers. D’ailleurs, chez nous, on tient
compte de cette crise actuelle. Il n’y a pas eu de changement dans les frais de
scolarité, exceptionnellement pour cette
année », a t-il déclaré.
Si certains
se soucient des frais de scolarité, d’autres par contre, sont préoccupés de l’achat
des fournitures scolaire de leur enfant. Les tenues couleur kaki se
négocient entre 25.000 et 28.000 FG par mètre selon les zones et l’humeur des
revendeurs.
Qu’à cela ne
tienne, malgré toutes ces difficultés, les élèves et les parents s’apprêtent
pour la rentrée et les autorités de l’éducation s’activent dans les ateliers de
formation des enseignants et campagnes de sensibilisation pour une année
scolaire sécurisée et réussie.
Comme pour
dire que contre vents et marées, l’éducation d’un enfant n’a pas de prix.
Mouctar Kalan Diallo
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