Capture d'écran de la vidéo de Boko Haram diffusée le 12
mai 2014 montrant des lycéennes enlevées par le groupe islamiste en train de
prier, habillées en hijab, dans un endroit non précisé (Photo .. AFP)
Les quelque 200
lycéennes enlevées au Nigeria par Boko Haram ont entamé mercredi leur deuxième
mois de captivité, alors que les Britanniques ont proposé une nouvelle aide aux
autorités désormais prêtes à négocier avec les ravisseurs islamistes.
«Nous avons
proposé au Nigeria une assistance supplémentaire», a déclaré le Premier
ministre britannique David Cameron, alors qu’une dizaine d’experts de son pays
sont déjà arrivés sur place en fin de semaine dernière.
Cette nouvelle
aide britannique comprend «un avion de reconnaissance, une équipe militaire
destinée à intégrer le quartier général de l’armée nigériane ainsi qu’une
équipe qui se joindra aux experts américains qui analysent les informations
relatives à la localisation des jeunes filles», selon M. Cameroun.
Les Etats-Unis
et la France ont déjà envoyé des équipes d’experts au Nigeria. Des avions
espions américains survolent le nord du pays.
Alors qu’il
avait initialement refusé d’envisager tout échange entre des détenus islamistes
et les 223 lycéennes otages - ce que demandait le chef de Boko Haram, Abubakar
Shekau, dans une vidéo montrant les jeunes filles diffusée lundi -, le
gouvernement nigérian s’est dit mardi «ouvert au dialogue».
Mais il a dans
le même temps demandé au Parlement de voter la prolongation pour six mois de
l’état d’urgence en vigueur depuis exactement un an dans trois Etats du
nord-est du pays, fiefs du groupe islamiste.
Les députés
examinaient cette requête, tandis que les sénateurs ont convoqué pour jeudi les
ministres de la Défense et de l’Intérieur et les responsables de l’armée et de
la police pour faire le point sur l’état d’urgence et ses résultats.
La mesure est
contestée par l’opposition, qui estime qu’elle n’a pas permis, tout en privant
la population de liberté, de réduire l’insurrection de Boko Haram. De fait,
elle n’a pas empêché la multiplication des attaques dans les trois Etats
concernés -Adamawa, Borno et Yobe-, ni deux attentats à la voiture piégée qui
ont fait à Abuja une centaine de morts en l’espace d’un mois.
A Lagos, une
nouvelle manifestation en faveur des jeunes filles s’est déroulée sous des
trombes d’eau mercredi.
Il y a un mois
jour pour jour, Boko Haram enlevait 276 jeunes filles dans leur école de
Chibok, situé dans l’Etat de Borno, un des fiefs du mouvement. Plusieurs
dizaines d’entre elles sont parvenues à s’enfuir, mais 223 lycéennes restent
aux mains du groupe radical.
Toutes ont
désormais été «identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok», a
indiqué mardi le gouverneur de Borno, Kashim Shettima.
«Le Nigeria a
toujours été ouvert au dialogue avec les insurgés», a déclaré mardi à l’AFP le
ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l’année dernière un
comité chargé de réfléchir à un programme d’amnistie avec Boko Haram. «Nous
sommes prêts à discuter de tous les problèmes, et les lycéennes enlevées à
Chibok en font partie».
La position de
Boko Haram semble elle aussi avoir évolué. Dans une première vidéo diffusée le
5 mai, Abubakar Shekau promettait de réduire les jeunes filles en esclavage, de
les «vendre sur le marché» et de les «marier» de force.
Dans la
deuxième vidéo lundi, il disait avoir converti à l’islam une partie des jeunes
filles, et évoquait l’échange des lycéennes contre des prisonniers islamistes
détenus par le pouvoir.
- Sommet samedi à Paris -
Geste fort de
soutien au pouvoir nigérian, le commandant des forces armées américaines en
Afrique (Africom), le général David Rodriguez, était mardi à Abuja, la capitale
fédérale, pour «discuter de l’aide américaine dans les opérations de recherche
ainsi que toute la coopération» entre les forces américaines et nigérianes.
Un sommet sur
la sécurité au Nigeria doit se tenir samedi à Paris, rassemblant, autour du
président François Hollande, les dirigeants d’au moins cinq pays africains: le
Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin.
Des représentants
des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union européenne ont également
été invités.
Il s’agit de
trouver «comment arriver à cerner (Boko Haram) par l’intelligence, comment
arriver à former pour combattre et comment arriver à débusquer les assassins»,
a expliqué le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
«La France ne
se subsitue à personne mais son rôle est d’aider les Africains à assurer la
sécurité parce qu’il ne peut pas y avoir de solution sans démocratie, sans
développement et sans sécurité», a-t-il ajouté.
A Genève, le
Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des
femmes a exhorté mercredi le Nigeria à «employer tous les moyens nécessaires
pour obtenir la libération des jeunes filles».
Enfin,
l’écrivain nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature de 1986, a dit à
l’AFP considérer le chef de Boko Haram comme «une obscénité», probablement
incapable de dialoguer.
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