Dans un article paru chez nos confrères de Guineews.org, Comme nous vous l'annoncions dans une édition
précédente le 21 juillet 2014, la société Forécariah Guinée Mining SA. (FGM), la joint-venture entre Bellzone (qui
s’occupait de l'exploitation du minerai de fer à Yomboyeli, Faremoriyah et la
GDC Commercial & Logistics (qui était chargée de la gestion et de la
maintenance des infrastructures), créée en 2011, est en faillite (lire ou
relire : Exclusif : Forécariah Guinée Mining en faillite ? Des sous-traitants
floués de 6 millions USD, plus de 460 emplois en péril). Elle vient d'être mise
en redressement judiciaire, étape qui précède la liquidation, a-t-on appris de
source proche du dossier. Et pour cause :
« Il y a un liquidateur qui avait été choisi par la justice
guinéenne, en l’occurrence Ousmane Sylla qui était chargé de procéder à la
liquidation des comptes et créances de FGM SA. Au départ, les juges guinéens
ont estimé qu'ils sont allés trop loin. Car, cela ne faisait l’affaire que de
quelques créanciers tels que Veritas et non l'ensemble des acteurs concernés
par cette exploitation minière. Et cette réflexion subite n'était pas fortuite.
En raison non seulement de la pression des communautés autochtones mais aussi
de la présence des anciens salariés du FGM SA. qui, sur place, n'avaient pas
facilité l'enlèvement des biens du consortium. C'est ainsi que le pool de juges
chargé du dossier a fait volte-face. Celui-ci a privilégié le redressement
judiciaire qui est une procédure collective dans laquelle est placée une
entreprise lorsqu'elle est en cessation de paiement, tant qu'un redressement de
l'activité est envisageable. C’est une action de rétablir ou de réparer », affirme notre source.
« FGM SA a beaucoup de dettes vis-à-vis de ses créanciers.
Elle doit à l'État une somme de 8 milliards francs guinéens ; à Veritas, plus
ou moins un million quatre cent mille dollars américains (1.400.000 USD). Et
tant d'autres sans compter les PME (petites et moyennes entreprises) qui ont
fermé depuis l'arrêt des activités de FGM SA. Soit environ 10 millions USD à
date. Les salariés ne reçoivent plus rien et ce, depuis plus de 11 mois au
moins. Ils étaient déjà en chômage technique depuis un bon bout de temps. Les
communautés villageoises, censées recevoir les compensations et
l’accompagnement communautaires, sont furieuses de n’avoir rien perçu à partir
de l’exploitation du minerai de fer dans leur zone », nous rapporte toujours la
même source.
Interrogé pour savoir ce qui justifiait la liquidation de
FGM SA par la justice guinéenne, au delà de l'aspect financier, notre interlocuteur
a accusé les pratiques malsaines du consortium au détriment de la Guinée.
" La liquidation
de FMG a été précipitée pour une raison toute simple. FMG SA n'ayant
plus d'activités sur place, l’Etat guinéen profitait d’une telle situation pour
faire sortir les véhicules, machines et autres équipements miniers par la
frontière sierra léonaise (Pamalap). Alors que la douane nationale devait
récupérer ses quotas d'exonération non-payés à l'importation desdits matériaux.
A tort ou à raison, c'est ce qui aurait, a priori, poussé à la liquidation de
FMG SA avant la rétractation des juges guinéens qui ont finalement privilégié
le redressement judiciaire au détriment de la liquidation ", nous a-t-elle
précisés.
La justice voyant autant de créanciers auxquels FGM SA reste
redevable à coup de millions de dollars américains, a jugé nécessaire de faire
ce redressement judiciaire. Mieux, Veritas avait réussi à obtenir des tribunaux
l'enlèvement des biens du consortium afin de les vendre et récupérer son argent
! Mais selon nos informations, cette procédure avait été bloquée par les
salariés de la société FGM SA, mécontents ainsi que par les communautés
villageoises qui sont en colère pour avoir été grugées par ces miniers qu'elles
qualifient de "véreux".
" La GDC Commercial & Logistics qui avait (le
permis minier ?) et Bellzone qui gérait les opérations minières ne sont même
pas inquiétées à cause de la monstrueuse opacité qui a caractérisé, dès le
départ, le montage de ce consortium. Une sorte de fusion ou pacte entre diables
qui a encorné des sociétés viables en réduisant à néant sans même que l'État ne
bouge d'un iota ", fustige-t-elle.
Le point le plus critique se trouve être celui de la fusion
de Bellzone et la chinoise GDC pour donner naissance au consortium FGM SA.
Bellzone est chargée de l'exploitation du minerai de fer à Yomboyeli et la GDC
Commercial & Logistics, est chargée de la gestion et de la maintenance des
infrastructures. Créée le 14 septembre 2009 sous Dadis pendant la transition,
la GDC Commercial & Logistics est une autre filiale d’Africa Development
Corporation (ADC), elle-même, filiale conjointement de la China International Fund Singapour, China
Sonangol International Holding Singapour et l’État guinéen. C’est à cause de
ces ramifications obscures, rapportent nos sources, qu’il était difficile de la
retracer ou de la poursuivre en cas de non-paiement des créances ou
d'insolvabilité.
« Tout le monde pensait que cela se limitait en Guinée.
Cette fusion dépasse bien nos frontières nationales du fait que ce sont les
maisons-mères des deux filiales GDC et Bellzone qui ont, à leur tour, créé deux
autres filiales à l'international : une filiale de GDC à Singapour et une autre
filiale de Bellzone en Australie. Et ce sont ces deux petites structures qui ont
abouti à la formation du FMG SA. C'est la raison pour laquelle les créanciers
guinéens ne peuvent s'attaquer ni à Bellzone ni à sa maison-mère, idem qu’à GDC
qui ne peut être inquiétée ni en Guinée encore moins sa maison-mère, basée à
Singapour. Car toutes les deux maisons-mères déclarent les filiales nées à
l’étranger pour la réalisation des activités minières de FGM SA et ont déposé
le bilan et fermé leur bureau, à Conakry », dénonce notre source.
« Aucune autorité guinéenne n'a pu faire le lien tant bien que mal, ne serait-ce qu’un début
de réflexion tant elles ont été dupées et lamentablement réduites au silence du
fait de leur naïveté et du manque de regard sur les fusions et autres
indélicatesses du système, connus de tous et dont je préfère taire les
pratiques ici. Pire, le ministre des Mines d'en temps (Mohamed Lamine Fofana)
ne connaissait même pas l'existence de la fusion entre ces deux entités. FMG SA
n'ayant pas de permis, le ministre est allé jusqu’à croire que cette dernière
était un prête-nom juste pour l'exploitation de la mine de Forécariah.
Également, le Premier ministère de l'époque, Mohamed Saïd Fofana et tous les
fils et filles de la région venaient visiter les locaux, qu’il soit ministre,
député… C’est une amnésie collective des notables de la zone sans compter
l'État guinéen qui n'a aucune situation des démarches entreprises concernant
les créanciers. Ils sont livrés à eux-mêmes sans solutions à court, moyen et
long termes…», déplore-t-elle.
Au ministère des Mines et de la Géologie, l'on préfère ne
pas commenter ces informations sous prétexte que le dossier est déjà pendant
devant la justice.
Mamadou 3 Diallo